mardi 17 mars 2015

Cambodge: Anlang Veng - Veal Veng

       
La pluie se met à tomber, la place du marche est si innondée qu'elle est transformée en un vaste terrain boueux, la terre glaise forme des flaques collantes dans lesquelles tout le monde patauge, les motos glissent, la circulation est quasiment impossible. Je m'inquiète, car l'itinéraire que je souhaite emprunter comprend de multiples tronçons non goudronnés, seront-ils praticables. Hier, j'ai regardé Jean-Da s'éloigner sur la route, direction l'Est, puis je suis allée me réfugier dans la chambre que nous avions loué ensemble, me calant devant le ventilateur qui tourne à plein régime. Il fait tellement chaud que parfois j'ai l'impression d'étoffer, puis les orages éclatent et rafraîchissent l'atmosphère pour quelques moments salvateurs. Je ne me sens ni triste, ni accablée par cette nouvelle séparation, ni soulagée, ni joyeuse, seulement extrêmement fatiguée et vaguement prise de nausées. Le corps parle quand les émotions restent confuses, en berne. Il me faut partir, rouler, avancer, vivre.



Cambodge, alentours de Samraong: Les enfants rentrent de l'école


En une seule journée à travers des rizières desséchées en longeant plus ou moins la courbe de la frontière Cambodgio-Thailandaise, j'atteins déjà Samrong. Je n'ai aucune envie de ville et décide de contourner la bourgade pour rejoindre directement une route secondaire non-asphaltée. Cependant , le ciel en décide autrement et des seaux d'eau se déversent tout à coup. En compagnie de vendeuses ambulantes, je trouve  refuge sous les tôles ondulées d'un marché couvert en construction, et en profite pour glaner des indications car aucune signalisation n'indique la direction que je souhaite suivre. La pluie se calme et je repars rapidement en quête d'un endroit ou camper ce soir, car il se fait tard. C'est alors que Tié m'interpelle dans son anglais impeccable. Il a travaillé des années durant pour une ONG, mais son parton étant décédé, il a perdu son travail, son gagne-pain. Il se retrouve ruiné, habite une demeure plus que  précaire avec sa famille à la limite de la ville et le revenu des ventes de soupes de nouilles que sa femme effectue chaque jours au marché local, ne suffisent pas toujours à remplir les casseroles. Pourtant, tous ici, affichent un sourire tranquille et semblent vivre harmonieusement. On m'offre un verre d'eau et comme la pluie se remet à tomber, on  m'invite à dormir au sec, à l'intérieur de cette maison délabrée qui ne comprend aucun objets "de valeur". Je sors de mes sacoches un kilo de riz que Soki, la maîtresse de maison agrémente de quelques légumes sautés. Une seule petite assiette suffit à remplir ma panse, car la nourriture dans ces conditions prend une saveur inhabituelle, une valeur décuplée. Tié est plein de projets, plein d'espoir. Avec une moto, en deux ans, il économisera assez d'argent en faisant le chauffeur de "TUC-TUC" à Siem Reap, récupérera sa première fille qui est à présent placée en orphelinat où elle reçoit une bonne instruction et scolarisera son second enfant. Peut-être ensuite, pourra-t-il ouvrir une cantine et faire de beaux bénéfices dans cette régions où les prix sont plutôt élevés. On partage des cigarettes sur un banc bancal, et il me conte avec tendresse l'histoire d'amour qui l'unît où sa femme depuis leur enfance. Tant de douceur dans un destin amère, tant de clareté dans une bien sombre histoire. 

Suivant les instruction de mon hôte de la veille, je suis une route en construction, les pilles de sables, gravats et autres matériaux s'amoncellent au milieu de la chaussée,. Les flaques ne sont heureusement que peu nombreuses et la route est praticable. Je traverse des villages où le séchage du manioc, la culture de saison, bat son plein. Tout le monde est mis à contribution, enfants, adultes, vieillards. Assis à l'ombre des arbres ou sous des tentures, sur des grandes bâches étendues aux abords de la route ou tout simplement sur le bas coté, ils coupent inlassablement à la serpette, les racines odorantes et crayeuses. Puis, les étalent au soleil. Ces tapis blanc forment des bandes presque continue sur mon passage. C'est la saison sèche, la saison des mariage. Il n'est pas possible de traverser un seul hameau sans que des hauts parlers fixés au bout d'une haute perche ne crachotent de façon plus ou moins entendable, mais toujours trop fort, des musiques allant du xylophone religieux, au dernier hit électronique local. Les mariés dans leur costumes traditionnels, les jeunes dansent à en perdre la tète. En fonction des revenus de la famille, les invités mangent attablés sur de simples chaises en plastique ou sur des fauteuils recouverts de tissus satinés aux couleurs pastels, sous des tentes ombrageant les festivités ou tout bonnement sous la protection de la maison toujours sur haut pilotis. Mon cheminement est donc agrémenté de ces célébrations, des innombrables "Sousday" des enfants allant et venant de l'école et des sourires toujours tendres des villageois de tous âges, surpris de voir un "Barang" (étranger) défiler ici, qui plus est, sur cette étrange monture surchargée. Je ne suis pas pressée et m'arrête régulièrement dans les boutiques bordant la route pour déguster une soupe, un café ou une pastèque. Ici pas de tricherie sur les prix, on m'offre plutôt des supplément, par inquiétude de me voir parcourir en solitaire des contrées si peu courues. La bonté et du regard d'une grand-mère soucieuse de mon sort, fait couler des larmes sur mes joues. 


Cambodge, région Nord-Ouest: La récolte du manioc bat son plein

L'unique panneau que je rencontre au cour de cette étape signal "Bantheay Chhmar Temples". J'atteins ce village, autre fois solide  avant garde  du Royaume Khmer, après une nuit tranquille et solitaire dans une rizière desséchée. Il a fait si chaud que j'ai cru perdre la raison, des heures ont passé sans que je n'effectue aucun geste concret, bien que j'en aie l'intention. Comme clouée sur place. Monter le camp a du me prendre 2 heures environ et m'a couverte de sueur, manger des ingrédients solides relève du défit, j'ai l'impression de ne plus m'appartenir totalement. Comme si je flottais dans un autre monde dont la réalité m'échappe, mes sens se brouillent, mon esprit divague... et cela ne parvient même pas à m'inquiéter. Comme absente, je laisse la tente extérieure ouverte pour ne pas asphyxier totalement et écoute le bourdonnement assourdissant des moustiques qui sont sans pitié dès le crépuscule. De ma vie, je n'ai jamais entendu pareille chose. 


Cambodge: Place du village de Beanthey Chhmar


Pour profiter pleinement de la visite des Temples, je m'installe dans un des Home Stay de la petite bourgade. L'ambiance y est plutôt agréable, la famille bien intentionnée me fera découvrir le "Durian", un fruit qui ressemble à un gros ballons vert plein d'épines et dont la chaire charnues et criblée de gros pépins au un goût succulemment sucré et une texture de pomme de terre qui se scinde en filaments. Un étrange mélange pourtant délicieux. C'est avec plaisir que je partagerais le repas auquel ils me convient et écoulerais des relaxantes heures de lectures affalée sur un hamac sous le auvent de feuilles de palme dans la cours de la maison en attendant que les plus grosses chaleurs du jour passent. 

Cambodge, Bantheay Chhmar: la nature gigantesque


Les Temples dont l'architectures est semblable à celle du Bayon à Angkor Tom et qui datent un peu près de la même époque, ont été laissés à l'abandon. Aujourd'hui en phase de restauration, il est encore la proie de la jungle qui le recouvre à moitié, des haut arbres aux racines entêtées poussent entre les tours écroulées. Les pans de murs encore debout dévoilent des sculptures détaillées et précises de scènes mythologiques, de combats, de vie quotidienne. J'apprécie de me retrouver seule visiteuse d'un monument tel que celui-ci et décide de n'aventurer entre les champs de riz et la jungle pour découvrir les temples secondaires placés aux points cardinaux de la ville. Parfois les parties de douves sont encore en eau, il y flotte des nénuphars et des lotus, ainsi qu'une végétation d'un vert à la clarté insolente. D'autres fois, il est difficile de répéter sous les arbustes, des reste de pierres de taille en calcite qui formaient jadis une tours ou un mur d'enceinte. J'aime jouer les découvreuses et rester perchée immobile sur un reste de parois entourée de la foret dense plein du bruits des insectes et des oiseaux qui ont oublié ma présence. Je me sens privilégiée, reconnaissante d'assister à ce spectacle, en ces lieux autrefois grandioses. 


Cambodge: Temple de Beanthey Chhmar

L'arrêt à Bantheay Chhmar se prolonge car accablée de chaleur, j'entrecoupe  mes visites antiques d'une pause dans un café (une cabane de planches de bois où de la glace flotte dans deux glacières géantes et quelques denrées alimentaires pendouillent à des clous au plafond...). Des adolescentes en uniforme scolaire m'aident à passer commande. Trop heureuses de pratiquer leur anglais, elle m'interroge (nom, âge, provenance, famille, itinéraires...). Elles étudient et logent dans l'établissement tout proche, internat de l'association Enfants du Mekong qui vient en aide aux enfants de favorisés en leur offrant la possibilité d'accéder à une instruction. Elles m'informe que deux volontaires francophones sont actuellement en poste ici. Crieuse je demande à les rencontrer. Blandine et Matthieux m'accueillent à bras ouverts et répondent très gentillement à toute mes questions concernant l'ONG. La conversation devient vite amicale et autour d'un repas et d'un café, nous échangeons à propos de nos parcours respectifs. Appréciant leur présente activité professionnelle, tombés amoureux du Cambodge, et surtout des jeunes gens avec qui il travaillent au quotidien, ils sont ici depuis 6 mois et comptent y rester pour 2 ans. Leur esprit critique concernant le déroulement de leur mission et  plus globalement le fonctionnement actuel du pays, donne à nos conversations un tour intéressant qui me donne envie d'explorer plus avant. Malheureusement, leur équipe est actuellement au complet et ils m'ont aucun menu travaux à me confier. Ce ne sera pas plus le cas à l'association Soierie du Mekong qui est en pleine restructuration et dont les volontaires et employés turbinent à fond afin de rentre pérennes leurs activités de tissage de la soie, dans l'optique de s'affranchir des soutiens financiers internationaux dont elle bénéficie actuellement. Tant pis, cela ne nos empêchera pas de partager une soirée arrosée avec tous les bénévoles francophones oeuvrant pour ces deux structures. Merci à vous tous pour les échanges riches concernant vos activités respectives, vos visions économico-socio-humaitaires et les enjeux auxquels le Cambodge est aujourd'hui confronté.



Cambodge, Bantheay Chhmar: Jeunes filles de l'Association Enfants du Mekong



La route est en travaux perpétuels et la poussière vole. Partout, il n'y a que des champs désespérément secs, presque pas d'arbres. Les oeufs à bosse, si imposants et hauts perchés, cherchent quelque chose se mettre sous la dent. dans les villages, les marchés semblent engourdis dans une torpeur languissante. Les vendeuses font la sieste sur des hamacs juste en dessus de leur étales. On me reçoit toujours avec engouement, le sourire aux lèvres, on me fait goûter les produits et personne ne pense à m'appliquer la taxe Barang. Je me sens bien dans ces moments éphémères qui semblent pourtant se liquéfier dans la chaleur étouffante si tôt qu'ils ont pris forme. C'est comme si je regardais un film se dérouler sous mes yeux. Je zape d'une scène à l'autre sans qu'aucune d'elles ne s'imprime véritablement en moi. C'est une sentiment troublant qui commence à m'envahir et ne causer du soucis. 



A une dizaine de kilomètres de là, se dressent les tours du Temple de Beantheay Top. Je décide d'y établir mon camp pour une nuit, après avoir passé l'après-midi à visiter ses structures envahies de broussailles. Mon souper consistera en une salade de papayes fraîchement cueilles aux arbres alentours et de pastèques vendues pour trois fois rien dans une échoppe de bout de brousse par de splendides grands-mères au visage buriné, creusé de profondes rides et au sourire à moitié édenté et/ou paré d'or. Malheureusement, le garde/policier, me débusque à la nuit tombée et sous les ordres de son chef me fait plier le camps pour m'escorter dans sa cahute. Fusil au poing, il me certifie que les lieux sont dangereux, mais je ne sais pas s'il faut s'y filer car le danger semble venir surtout des fantômes qui sont terriblement redoutés dans ce pays aussi animiste que bouddhiste. En ce moment, j'ai beaucoup de mal à faire confiance à mon jugement personnel, car je suis en permanence écrasée de chaleur et ne suis pas sure d'être en pleine possession de mes capacités de discernement. Aussi suis-je docilement le militaire en oubliant de prendre garde à ne pas ne trouver dans la direction ou pointe le canons de son arme qui semble plutôt ancestrale et qu'il manie sans y faire attention. Un coup pourrait bien partir à l'improviste, mais c'est seulement tard dans la nuit, alors que je suis allongée sous une moustiquaire dans la chambre de l'un de ses collègues parti pour le week-end, que je réalise mon imprudence. 


Cambodge: Campement au Temple de Beantheay Top


Si Sophan, je ne réfugie dans l'hôtel que nous avions occupé avec Jean-Da lors que nos retrouvailles, enclenche le ventilateur, me connecte à internet et passe le reste de la journée à regarder des films qui n'ont rien à voir avec la réalité de l'environnement directe. Déconnexion volontaire pour oublier le trouble qui m'envahis. J'ai besoin de repos et de fuir cette chaleur qui me grignote le cerveau. Repartir de ce cocon de relative fraîcheur sera comme m'arracher d'une bouée de sauvetage au milieu de l'océan.

Il me faut à présent sortir des routes principale et tracer plein Sud vers Pailin et le poste frontière de  Kamrieng District, aux portes de la Thailande. Aucun panneau indicateur ne permet un quelconque repérage et à 9h00 du matin, je me retrouve assise sur un chaise en plastique au milieu d'une cours de terre battue impeccablement balayée, observée par les dizaines d'yeux des enfants de la familles, bientôt rejoints par autant d'adultes. On est parti chercher un traducteur. Une jeune adolescente se présente et m'indique la route qui serpente le long d'une rivière reliant des villages paysans où les mariages battent leur plein. Les maisons sur haut pilotis sont entourées d'arbres plus exotiques les uns que les autres. J'ai beaucoup de plaisir à suivre cet itinéraire peu emprunté. A chaque village, je demande mon chemin et habituellement, on comprend mes demandes du premier coup et l'on m'indique la route à suivre sans problème.

Ce midi, je mangerais dans la cours d'un monastère qui semble avoir  été déserté par les moines. Leurs habits safran pendants aux balcons de leur maisonnettes. C'est la seule fois que j'aurais l'occasion de profiter de ce type d'environnement, car malgré mes nombreuses tentatives pour m'installer dans les halles de méditation pour une heure de recueillement ou lors de demandes pour planter la tente dans le périmètre, je serais toujours accueillie par des chiens peut amicaux ou des moines plutôt distants. Dans les cours des écoles par contre, je m'offre des pauses café glacé appréciables. D'abord, la prestation destinée aux élevés est très peu coûteuse; ensuite, en plus du désaltérement, j'ai le spectacle en prime. Les élèves d'abord gênés, s'approchent de plus en plus, actionnent le klaxon du vélo et viennent m'observer à petite distance. Par contre, pour ce qui est de dormir sur place, c'est râpé...  La maîtresse à qui je demande l'hospitalité, comprenant pourtant l'anglais, se comporte en adolescente ricanante. Quel est donc le niveau d'instruction dans ces rétablissement campagnards? Si les enseignants n'ont pas une once de jugeote, de débrouillardise et d'ouverture d'esprit, je crains que ces jeunes paysans n'apprennent pas grand choses ici... Je me réfugie donc au bout d'un champs de palmiers et terrorise une veille femme qui est venue chercher ses vaches avant la nuit. Je lui explique que je vais camper là, monte ma tente comme preuve à l'appui. Impossible, elle me mime de façon très claire qu'ici, quand la lune brille, apparaissent de petits animaux sauteurs (des lapins? des grenouilles?), qui mordent et piquent (des scorpions? des chiens?) et qui sont dangereux (des fantômes? des esprits?). Bref, elle fait plier le camps et me ramène chez elle, illico presto!


Cambodge, Bavel: Pause café dans la coure de récré!


L'accueille est chaleureux et la famille très enthousiaste. Elle doit compter une trentaine de membres entres les enfants et petits enfants. On m'énumère le nom de chacun, comment s'y retrouver, on rigole! Cependant, c'est un peu pénible d'être quotidiennement accueilli. Pour faire la cuisine, se laver et se détendre ce n'est pas évident. D'ailleurs aujourd'hui, je crains un instant de finir au poste car n'ayant pas de sarong (tissus dont les femmes s'enveloppent lorsqu'elles se lavent), une bande d'enfants de retour de l'école, me surprend totalement nue, accroupie derrière des clôtures de tôles ondulées endommagées, qui tiennent lieu de salle de bain à la famille. Ma peau totalement blanche, les choque de plein fouet et mon manque de pudeur, doit leur avoir donné des préjugés terribles concernant les Barangs...

Je  passe une soirée merveilleuse en compagne de la famille de Ban. Le patriarche et, Sabi, l'une des filles, feuillettent sans cesse un cahier d'école délabré pour communiquer avec moi dans un anglais tout aussi précaire. On fait le tour des animaux domestiques, les marcassin minuscules sont couverts de coup de soleil, les poules ont toutes plusieurs dizaines de poussins... Ma tente est montée sur la table communautaires (un plateau de bois sur élevé sur lequel on s'assoit pour prendre le repas) et on mange donc serrés autour d'une autre, en béton un peu plus loin, le délicieux mélange de légumes verts préparé par la cadette des enfants. Il en sera désormais ainsi chaque soir, jamais je n'aurais à cuisiner ou à lever le petit doigt et je me verrais servir quotidiennement des délicieux repas par mes hôtes bienveillants. Bien décidés à jouer le bonnes fées. Merci à vous tous, quel aventure ce Cambodge!


Cambodge, peu avant Pailin: Campement sous la maison de Ban


Le vent s'est levé, malheureusement, il assèche encore un peu plus l'atmosphère déjà éétouffante et souffle en sens inverse de ma progression. Les montagnes commencent à se profiler à l'horizon, bientôt j'atteins Duyan, village intriguant ou tournent deux casinos qui attirent les Thais en quête de moments forts. Il est possible d'y effectue un "visa run" dans la même journée. En attendant l'expiration de celui que je possède, je m'installe dans une guest house dont les tenanciers me prennent tout de suite en sympathie. Tous les jours, ils m'offrirons de petits cadeaux et me rendront volontiers tous les services que je leur demanderais. C'est un hébergement dédié aux passeurs de marchandises, les biens industriels arrivent de Thaialnde et le manioc y est expédié par camions entiers. Par hasard, je dégotte une gargote ou l'on m'accueille comme une amie de la famille. Sans problème, on me concocte un menu spécial végétarien qu'on estime à un prix imbattable. C'est donc quotidiennement que j'y prendrais mes repas tout au long de mon séjour ici. Peu à peu, je deviens la meilleure copine du cadet de la famille avec qui je passe des heures à regarder Cartoon Network. Les épisodes de Tom et Jerry nous donnent l'occasion de pratiquer  quelques notions Shekspeariennes (chat, souris, chien, tète, main, oui, non, haut, bas, BOUM!). 

Lors d'emplettes au marché du coin, le poissonnier m'aborde dans un anglais presque parfait, jadis guide touristique à Siem Reap, il est revenu s'établir ici pour être auprès de sa famille et donne des cours d'anglais aux enfants du village, Il me convie à la session du soir. Une superbe expérience.  Au Cambodge, apprendre l'anglais consiste é répéter ce que dis le professeur sans forcement en comprendre le sens. On implante dans la tète des élèves des phrases toute faites qu'il débitent ensuite comme des automates. A bas les conventions! Avec les plus jeune, j'organise un jeu qui consiste à découvrir comment on nomme les différents habits qu'ils portent et leur couleurs respectives. Quand je nomme un vêtement, ceux qui le portent doivent ne lever d'un bon, ensuite on compte tous ensemble combien d'enfants sont habillés de la sorte et on répète chacun son tour le mon du vêtement ou sa couleur. Les élèves sont aux anges, trop heureux d'apprendre en s'amusant, leurs sourires et leur yeux pétillant en disent long sur leur bonheur. Avec les plus grands j'essaie d'aborder le concept de la conjugaison du verbe être. En Khmer, les verbes ne se conjuguent pas et il n y a pas de temps verbaux. En utilisant donc les phrases toutes faites qu'ils connaissent par coeur, j'explique peu à peu que on peut parler au présent, au futur ou au passé et à la premier, la seconde ou la troisième personne. Ils captent vite et sont à présent capables de me présenter leur amis (she/he is...). Quand la cloche somme, c'est des dizaines de petits qui viennent en personne s'incliner devant moi avec un Wai (les paumes des mains jointes). Les plus téméraires s'agrippent mes jambes, me serrant dans leurs bras (le contacte physique n'est pas commun au Cambodge). Ils courent sur la rue pour me faire des signes d'adieux et m'envoyer des baisers. J'ai la chaire de poule, un sourire jusqu'aux oreilles et les yeux qui brillent!

Cambodge, Kriengen District : Les enfants aux cours du soir


Visa Run: sans complication majeur...mais il a fallu résister aux tentative d'extorsion de fond des deux cotés de la barrière! 100 baths par là, 3 dollars par ci, 50 baths pour m'aider à remplir un formulaire de 3 lignes... et pourquoi pas 5 dollars de plus pour me coller un visa... GRRR! Stratégie, résistance passive. Mais au final, la moutarde a fini par me monter au nez. En ce qui concerne les tours operator, je peux comprendre. Si quelqu'un souhaite profiter de leur service, il est normal qu'ils le monnaient... Cependant, quand on en vient aux agents officiels,  la situation se fait plus délicate. Il est cependant difficile de blâmer ces pauvres bougres du bout de la chaîne de la corruption qui gangrène les système de ce pays (même si honnêtement, dans mon idéalisme sens doute totalement utopiste concernant la justice, je prétend qu'un représentant de l'ordre devraient avoir une morale irréprochable et faire sont travail par conviction plus que pour "gagner sa vie"). Car il semblerait que pour gagner sa vie, il n'aie pas beaucoup d'autre choix. On m'a répété à de multiples reprises que pour obtenir et ensuite conserver leur poste, les militaires, les policiers et sans doutes les douaniers, doivent graisser la patte de leur supérieurs!!! Je blâme les dirigeants haut placés, les politiques, le gouvernement! Si un pays ne paye pas ses fonctionnaires de façon à ce qu'ils puissent vivre normalement, comment espérer que ce pays fonctionne et prospère. Dans un état où  chacun peut acheter les autorités, toutes les fraudes sont permises et donc le pays cours à sa perte sur le moyen terme.  En tant que touriste, je suis plutôt protégée, car j'ai les moyens de résister, de faire pression, de m'informer, de menacer de dénonciation... Mais qu'en est-il pour les gens de la campagne non instruits? Ils ont besoin de faire appel aux fonctionnaires pour des choses bien plus importantes et basiques que s'offrir des vacances. Pour acquérir une terre cultivable par exemple, dénoncer un vol, garder son logement (des habitants sont purement et simplement exproriés (les actes de propriété notariés sont inexistants) car leurs terres intéressent des acheteurs étrangers (les étrangers n'ont en principe pas le doit d'acquérir une terre, d'acheter un logement ou de posséder un business en leur nom propre au Cambodge) ou des hauts membres du partis. Un autre exemple concerne l'éducation: A l'école publique (qui est gratuit) les profs n'enseignent que la moitié des cours et donnent ensuite des appuis privés (payants), le soir afin de se faire un peu plus d'argent. Les enfants qui n ont pas les moyens de payer les cours privés, n'ont pas leur diplôme, car ils ne sont pas en possession de toute la matière!)

Pour ma part, je m'en suis finalement sortie en mentant, (comme d'habitude! On dirait que c'est le but des autorités qu'on leur mentent!!!) en disant que je n'avais pas d'argent sur moi en  plus  des 30 dollars que coûte le visa et que, je m'étais informée la veille auprès du service de l'immigration de Phmon Phen qui m'avais certifier la hauteur montant requis. Après plusieurs minutes de flou artistique, on me colle un visa, avec un accès de  mauvaise humeur encore jamais observée dans ce pays où on tient à grader la face. Après m'être assurée que le tampon était bien applique à l'endroit adéquat, je n'ai plus pu retenir un commentaire outrancier à propos de la moralité de cet agent mal léché, et de lui rappeler que la corruption était entrain de détruire son pays ce qu'il faut qu'il comprenne, c'est que 5 dollars, c'est presque rien pour une petite Occidentales comme moi (juste le prix d'un café en Grèse, je m'en souvient, il est toujours en travers de ma gorge!!!), par contre le coût financier, humain et politique de la corruption va, dans un avenir plus ou moins proche peser vraiment lourd sur les épaules du Cambodge. Qui gagne a la fin?  J'en conviens, le salaire de ce fonctionnaire n'est pas assez élevé, l'état devait le payer honnêtement. Mais se rend-il  compte qu'en faisant ce qu'il fait, il amplifie le problème et fait prospérer la corruption? Comprend-il que c'est toujours le sommet de la pyramide qui y gagne puisque c'est elle qui empoche l'argent que elle devrait en réalité verser à ses fonctionnaires! Et après ça, dans ces conditions, l'état cambodgien accueille avec un grand sourire les ONG et autres travailleurs bénévoles venant de l'étranger et tout prêts à aider le peuple dans le besoin, c'est une blague!!! Les dirigeants se comportent  en voyous, mus uniquement par leurs intérêts personnels, sans scrupule, sans aucun souhaite de faire prospérer leur pays, de soutenir leur peuple... Je ne jette pas la pierre, on peut retrouver (de façon plus subtiles parfois) ce genre de débordements sous toutes les latitudes. Ici c'est particulièrement choquant car on touche à des droits primaires et à une population très fragile. Pour terminer sur ce chapitre, j'irais encore un bout plus loin, en disent qu'au final, se sont sens doute des intérêts internationaux qui sont les grands gagnants de l'affaire car les investisseurs peu scrupuleux, dans un tel contexte, ont les mains bien libres pour exploiter le pays, ses ressources et sa population, qu'il abandonnera sans aucun remords lorsque les choses deviendront moins rentables.  Les lobby contrôlent le Monde, alors petits fonctionnaire, pense y a deux fois avant de leur rendre la tache encore pus facile qu'elle ne l'es déjà!




Depuis que Jean-Da et moi, nous nous sommes dis au revoir à Anlang Veng, c'est un peu la déprime. L'esprit embrumé par la chaleur, j'ai l'impression de ne plus savoir très bien où j'en suis. Je ne comprends pas ce qui m'arrive car mon quotidien est fabuleux pourtant, et malgré tout, je doute, j'ai peur, j'anticipe, je suis nerveuse, je m'interroge... Avant de quitter Duyan, j'aurais l'occasion d'échanger à ce propos avec mon ami Jean-Da dont les conseils avisés et la vision très optimiste de la situation me remettent sur les raies. Merci à toi! Depuis ce jour, je vis quotidiennement des aventures merveilleuses avec beaucoup de sérénité et "comme par hasard" je rencontre des personnes au quotidien qui abordent avec philosophie ou mettent en acte un aspect bien précis des multiples questions qui me tracassaient tant. Les solutiosn se présentent à moi sur un plateau d'argent, je n'ai plus qu'a cueillir les fruits murs aux arbres et à les déguster avec délice! Mes yeux s'ouvrent et mes perceptions changent grâce à ton écoute et tes justes paroles. 





Pailin est supposé n'être qu'à 14km de l'endroit ou je me trouve mais depuis maintenant, il ne sert plus à rien de se filer à la carte, les routes indiquées sont inexistantes et les directions parfois diamétralement opposées à celles inscrites. C'est au terme d'un parcours d'une journée entre des collines coniques presque parfaites, reliques du passé volcanique de la région, que j'atteins la ville tant attendue. Je décide de faire le plein de provisions au marché avant de m'enfoncer plus avant dans les montagnes. C'est là que je rencontre Yanie et Aloris deux slovènes. On m'invite pour un café, puis me propose de passer la nuit chez Alois et Sokia, sa compagne khmer. Je resterais trois jours avec eux dans une ambiance plus que détendue. Le matin, on fait le tour de la propriété, observons les cultures de champignons destinée à la fabrication de médicaments chinois, cueillons les fruits frais aux arbres, cajolons les animaux, Sokia et sa mère s'occupent de nourrir les poulets et nous concoctent aussi des repas délicieux que l'on prend tous ensemble en buvant de la bière fraîche, se racontant des histoires de voyage et des considérations hystériques, des projets futuristes plus ou moins hurluberlus. J'ai l'impression de vivre un rêve Hippie. Tout est simple, tranquille, lent et sans importance. Ces slovènes ravivent mes souvenir balkaniques, leur joie, leur entrain, leur insouciance, leur folie!!! On visite le Temple, faisons des provisions au marché, démarchons les chauffeurs de taxis pour glaner des informations sur mon itinéraire, mangeons dans un restaurant chic juchés dans une cahute sur pilotis, flânons aux stand de pierres précieuses dont la région est riches, buvons le café dans une gargote musulmane et on se relaxe au cours de longues soirées harmonieuses, joyeuses, enrichissantes et drôles.

cambodge, Pailin: Le Temple au sommet de la colline, avec Alojz, Sokia et Yani


Cambodge, Pailin: un séjour très relaxant


Tiou, cette fois, je suis hors piste. La route est large, mais sans goudron, les villages se succèdent toujours le long de la chaussée mais sont teintés d'une atmosphère campagnarde. Je crève, m'arrête près d'une échoppe. Les femmes s'approchent instinctivement. Elles comprennent tout de suite de quoi il s'agit et s'inquiètent de ne pouvoir me proposer une pompe. J'en tire une de mes sacoches, leur visage s'illuminent et elles me prêtent toutes main forte pour réparer la crevaison, je m'ai plus qu'à jouer l'inspecteur des travaux finis. Ou comment une situation problématique devient une occasion d'échange fantastique!

Cambodge, peu après Treng: L'asphalte disparaît et l'ambiance se fait campagnarde


Je suis vraiment paumée, n'ai aucune idée de l'endroit ou je me trouve, à chaque village, je demande ma route. Parfois on se contente de tendre le bras, d'autres fois on me dessine des plans compliqués qui ne collent pas du tout avec les direction indiquées sur la carte. Je suis perdue, m'arrête sous des buissons pour manger, lorsqu'un homme en habits militaires passe. il me demande ce que je fais. Je lui fait signe que je cherche un coin pour dormir. Sa maison est tout à coté et sa femme me prend directement sous son aile. Je suis assaillie par la bienveillance des amis présents. On m'installe sur un lit dans l'unique pièce que comprend la cabane de plein pied. Les planches des murs sont espacées et la tôle ondulée du toit flape au vent. Ici, on ne roule pas sur l'or. Après une douche difficile au milieu de la cuisine, toujours sans sarong, on m'embarque à l'arrière d'une moto pour aller au marché acheter la nourriture du soir. Mon hôtesse m'a adoptée, elle tient à ce que je l'appelle Soeur, elle ne se tient jamais à plus de 50 cm de moi et s'entête à me raconter des tas d'histoires sans que je n'y comprenne grand chose malgré ses efforts. Le soir, elle m'apprend des mots en Khmer, des mots simples pour nommer la nature qui nous entoure, Le matin, elle m'accompagne dans le quartier général d'une ONG de protection de l'environnement dont Angelina Jolie est la représentante. Tia, le manager traduit en anglais ce que j'ai cru comprendre la veille, Djune s'inquete pour moi, que vais-je manger? ou vais je dormir? Pourquoi suis-je seule? Elle m'offre une photo d'elle pour que je me rappelle tout ma vie de ma Soeur cambodgienne! Comment ce fait-il que je rencontre quotidiennement des anges gardiens? Avant que je ne quitte les lieux, Tia me dessine un plan précis qui me permettra de rallier Veal Veng, deux fois à gauche, puis toujours tout droit, bien!

Je passe de colline en colline, mais l'itinéraire est plutôt plat, car les montagnes sont des massifs abruptes que la route contourne toujours. Une équipe de déminage est à l'oeuvre. Le périmètre est planté de piquet barrés de tètes de morts. Les travailleurs portant des casques à visière en pexiglass mais des vêtements banals, avancent en ligne le long d'une ficelle rouge tendue entre eux. Mètre après mètre, ils s'enfoncent dans la forets qui ne compte plus que des arbrisseaux et encore fumante du gigantesque feu qui a tout brûlé sur son passage. La zone frontière est criblée de bombes et de mines anti-personnels. Pourquoi a-t-on brûlé les maquis? Certains disent que c'est pour dégager des terres arables pour les paysans qui viennent s'installer ici en grand nombre. D'autres affirment que c'est une couverture qui permet aux moins scrupuleux de tronçonner les hauts arbres au bois coûteux pour le vendre à l'étager ou en faire du mobilier qui se retrouve effectivement dans beaucoup des maisons que j'aperçois sur la route. C'est une commerce qui rapporte, c'est certain! Quelqu'un me dit que c'est une tactique politique. Le maquis étant un lieu propice pour les réfractaires du régime, ils pourraient s'y cacher, organiser des insurrections. On m'explique aussi que la zone frontière est un périmètre ou règne une situation délicate et que sans foret pour se dissimuler, il serait moins aisé pour d'éventuelles troupes Thaies de mener des offensives et prendre des territoires. Quoi qu'il en soit, c'est un spéctacle bien peu réjouissant que cette foret partie en fumée. 


Cambodgia, peu avant Krapeu Pi: Ponts en mauvais état

La route devient un chemin creuse d'ornières énormes, des ponts de planches pourries sont jetés sur les ruisseau. Parfois, il faut franchir des rivières à gai, des enfants se précipitent pour pousser le vélo alors que je peine dans les galets à pied nus. Je rejoins un groupe de femmes, couchées sur des hamacs en dessous de leur maison de palme. On m'assure que je suis sur la bonne route et que celle-ci deviendra bientôt à nouveau praticable. Ça me donne une peu d'espoir pour reprendre le guidon après une pause silencieuse et pleine de sourire à leur cotés.


Cambodge, peu après Krapeu Pi: La route devient aventureuse


Au village de Krapeu Pi, un bled de bout du monde, on est regroupé autour d'une table de bois, le jeu de carte est pris très au sérieux. Je demande si je peux camper dans la cours d'école. Il n'en est pas question, on m'installe sous un abris de tôle ondulée et une jeune fille parlant anglais m'invite à monter derrière elle, pour me conduire à la rivière prendre un bon bain. Je suis un peu soucieuse, laisser toutes mes affaires aux mains de ces villageois désoeuvrés et nécessiteux... Pourtant, j'accepte l'offre. On se lance à l'eau toutes habillées et on se lave à la Cambadgienne, c'est à dire par dessous ses vêtements. De retour au bled, personne n'a ne serait-ce que jeté un oeil à mon campement, les cartes avaient toute l'attention, mais quand la partie se termine, celle-ci est reportée sur ma personne. On s'intéresse à mes cheveux et on passe un bon moment à ce demander si je suis vraiment une femme. Un certain Barang est passé par la il y a une dizaine d'années et a mis enceinte une enfants qui a donné naissance à une des plus belles jeune fille qui m'a été donné de voir. Un bien triste histoire, qui me rend honteuse. Une personne de mon espèce, a commis ici un crime qu'aucune sentence ne peut effacer. Mais l'atmosphère n'est ni aux reproches, ni à l'animosité. plutôt à la curiosité et à la bienveillance. A la nuit tombée, je partage le repas de cette famille nombreuses et la jeune métisse me confectionne des fleurs en papier pour me remercier des mes éloges sur sa beauté. A 8h30, c'est le couvre feu, tout est calme. La respiration profonde et lentes des boeufs à bosse couche tout à cote de la tente, rythme ma lente plongée dans le royaume de Morphée. 


Cambodge, Karpeu PI: Aux environs des montagnes du Cardamum, vie de village

Au matin, tout le village est regroupe devant la maison de mes hôtes qui est en réalité la cantine communautaire. Un immense chaudron de soupe de riz est maintenue sur des braises et on serre tous ceux qui se présente contre une petite somme. Voulant participer à ce festin, je n'attable, me régale et veux payer mon dus, impossible! Je suis l'invitée d'honneur! Depuis que je me balade dans les contrées retirées je n'ai encore rencontré aucun esprit concupissant. Je ne suis plus percue comme la riche touriste occidentale qui n'a qu'à claquer des doigts pour que l'argent tombe sur son compte banquaire, mais seulement comme une étrange créature, aux cheveux emelés, à la peau blanche et à l'arète de nez prohéminante (c'est un critère de bauté très appécié ici), qui a besoin d'énergie pour pédaler dans les montagnes. deux fois aujourd'hui, des femmes m'interpelleront pour m'offrir de nourriture ou une douche!!!

La route devient un peu meilleure, puis carremment parfaite en comparaison de ce que j'ai vu vivre ces derniers jours. J'atteins Veal Veng en début d'après-midi et me met en quete d'une Guest House. Siphanny me dépasse à vélo et me demande: "can you stop to my place, it is not far". Avant que nous franchissions de portail de sa séduisante demeure, elle me demande d'ou je viens, lorsque je lui réponds, ses yeux se mettent a pétiller. Elle a elle-meme vecu 30 ans entre Zurich et Bale et y a élevé ses 11 enfants. Nous sommes instentanement amies, alliées. La tente est montée sur le balcon de la maison décorée avec gout d'objets d'anthiquité. J'y séjournerai 4 jours, on papotte constemment en se gavant de fruits achetés par cageots entier au petit marché de la bourgade. Pour la remercier de son hospitalité, je travaille dans son jardin, transportant de grosse branches de bois qu'elle me peut pas soulever seule. Je lui raconte mes aventures, elle m'offre un Sarong pour les douches future et je lui remet mes habits d'hiver dont je n'ai plus besoin. Elle me confie son histoire, comment elle a survécu et échappé au régime de "Pol Pot". La peur, la soif, la faim, puis l'oubli de soi. La prison, le travail force, les chatiments corporels, les cadavres mal enterres, les nuits de marche arrassantes, les cachettes pendant le jour, les traques des miliciens, l'aide de dieu pour s'en sortir... Un témoignage plus que poignant conté simplement tel quel. Il laisse entrevoir le vrais visage de ce qu'est la Guerre.


Cambodge Veal Veng: Un intérieur antique.


J'ai récemment lu un récit à ce sujet, intitulée: "J'ai cru aux Khmer Rouges" de Ong Thong Hoeung. Je conseille cette lecture à tous. C'est la premiere fois de ma vie qu'il me semble avoir pris conscience de ce que signifie la Guerre. Ce m'est pas un affrontement de soldats en arme, des troupes ennemies qui s'affrontent pour un territoire, une idéologie, maitrisant l'Art de la Guerre (oui, ca se dit!) et réspectant les conventions internationales! Ca ce n'est que la paravent, le beau cote des choses, la Guerre devient ainsi une jolie histoire, sur nos écrans de télévision. Elle nous parait acceptable, voire respectable. La Guerre c'est bien autre chose, ce sont des miliers de civils vivant la terreure au quotidien, des troupeau d'hommes et de femmes à qui on a enlevé toute humanité, jettes sur les routes, dépossédés de tout, séparés des leurs, contraints de se resigner a voir mourir les plus faibles d'entre eux. De simples Etres Humains, comme vous et moi, qui me comptent plus que sur leur propre force vitale, leur intinct reptilien pour se procurer de quoi manger, survivre, non pas un jour de plus, mais une heure de plus. La Guerre se n'est pas de pays qui s'affronte, mais un cataclisme qui s'abat sur l'instinct de survie d'Etre Humain impuissants, sans défense. la Guerre c'est le seule ennemi à combattre... à mort!

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